La politique instrumentale de l'OHP
[ Le projet ROSALIE | Guide Pratique | OHP Home Page ]

La politique instrumentale de l'OHP

A. Labeyrie, J.-P. Sivan




Ce document décrit la politique instrumentale de l'OHP pour les dix ans à venir. Il ne concerne pas l'ensemble de l'activité de l'OHP, mais traite uniquement de la fraction traditionnelle de son activité, celle qui consiste à offrir à la communauté astronomique nationale des moyens d'observation performants.

Il entend donc décrire l'évolution que souhaite donner la direction de l'OHP aux télescopes de l'OHP et à leurs instruments focaux, et répondre ce faisant au souhait exprimé par la Commission Spécialisée Astronomie (CSA) de l'INSU, lors de sa réunion des 7 et 8 Janvier 1997.



GÉNÉRALITÉS

Chaque semestre, les quatre télescopes de 0,80, 1,20, 1,52 et 1,93 m font l'objet de demandes de temps d'observation, soumises au CFGT. La pression des demandes est faible actuellement sur le 120, comme le montre le graphique de la figure 1 établi par l'INSU. La pression sur le 80, qui n'a pas été comptabilisée par l'INSU, est du même ordre de grandeur. En revanche, la pression est notable sur le 152 et tout à fait honorable sur le 193, puisque, en augmentation ces dernières années, celle-ci se stabilise autour d'une valeur voisine de 2. (Les pressions sur ces deux derniers télescopes sont en fait légèrement plus fortes qu'il n'est indiqué, car, il arrive que le CFGT aiguille vers eux des demandes formulées pour le 3,60m d'Hawaii).

Pression sur les divers télescopes de l'OHP

Au vu de la figure 1 , il est clair que l'essentiel de nos préoccupations doit porter sur le 193 et le 152, dont nous pensons qu'ils peuvent continuer à fonctionner et intéresser les utilisateurs dans les dix ans qui viennent. Nous n'éliminons pas pour autant le 120 ni le 80 qui sont des télescopes qui, sur le plan scientifique, peuvent être encore utiles et qui sauront continuer à rendre de réels services dans le domaine technique et le domaine pédagogique. Leur utilisation peut être ramenée à un coût négligeable sur un site où les deux principaux télescopes fonctionnent à plein temps.

De façon générale, nous pensons que les télescopes de l'OHP sont utiles pour l'observation d'objets brillants qui ne justifient pas l'utilisation de grands télescopes. Les grands télescopes sont d'ailleurs mal utilisés lorsqu'ils servent à l'observation d'objets brillants, les temps de dépointage et de pointage étant très longs comparés aux temps d'observation effectifs. Egalement, on peut imaginer sur des petits télescopes des instruments plus avancés que ceux qui sont en service sur les très grands, et dont l'efficacité accrue permet de compenser la moindre surface collectrice pour certains modes d'observation. Le spectrographe ELODIE au foyer du 193 en est un bon exemple.

Une large consultation a été amorcée auprès du comité des utilisateurs de l'OHP et de la communauté astronomique pour susciter des projets instrumentaux. Un forum électronique a été ouvert à cet effet. Des suggestions ont été recueillies. Le projet d'un spectro-imageur au 193, de type EFOSC, a reçu un accueil favorable. Il est maintenant mûr et fait l'objet d'une "demande de moyens 1998" à l'INSU. Egalement, nous envisageons la possibilité de doter l'OHP de moyens d'observation dans l'infrarouge proche. L'imagerie et/ou la spectroscopie entre 1 et 2,5 µm , n'est pas sans intérêt avec des télescopes de 1 ou 2 mètres.

Naturellement, la qualité d'un instrument focal dépend des performances de son détecteur. En matière de CCD, l'OHP a des compétences et une expérience solides et de nombreux projets sont en cours. Ces compétences pourrontt être utilisées pour la mise en oeuvre ultérieure (1999) d'un détecteur NICMOS.

Ces nouveaux instruments focaux devront aller de pair avec une véritable jouvence des télescopes, en priorité du 193. A très court terme, nous envisageons le remplacement de la caméra de guidage et de pointage de ce télescope. Ce remplacement fait l'objet d'une "demande de moyens 1998" à l'INSU. Une réflexion est engagée pour qu'à moyen terme, une rénovation totale du 193 et de sa coupole permette une précision, une fiabilité et un automatisme accrus des observations.

En parallèle, la "démocratisation" des optiques adaptatives nous laisse espérer de faire bénéficier à court terme le 193 (et le 152) de ce type d'équipement et cela devrait influencer la conception des nouveaux spectrographes.

Enfin, les télescopes de l'OHP doivent continuer à permettre en leur foyer des essais d'instruments destinés à de grands ou très grands télescopes et, avec leurs propres instruments focaux, doivent rester des outils pédagogiques, pour la formation des nouvelles générations d'astronomes.


Ainsi, nous pouvons définir de la manière suivante les lignes maîtresses d'une politique, qui paraît raisonnable, pour l'utilisation des télescopes de l'OHP :




LA MODERNISATION DES TÉLESCOPES ET DES COUPOLES

Les télescopes de l'OHP et leurs coupoles ont été entretenus au fil des ans avec une attention soutenue et n'ont cessé d'être modernisés. Leur fonctionnement peut être considéré comme très satisfaisant. En particulier, leur fiabilité est encore très élevée. Il n'y a quasiment jamais de nuit perdue pour cause technique. Ceci est dû non seulement au bon état du matériel, mais aussi à l'efficacité et à la rapidité des interventions que les services techniques de l'OHP sont capables d'effectuer de nuit comme de jour.
Il est cependant clair que ce matériel n'est pas jeune : le 193 a 40 ans et le 152 en a 30 ! En 1996, l'installation électrique du 193 a été entièrement refaite et le pupitre du 152 entièrement recâblé. Ces opération étaient indispensables. Des points faibles subsistent dont certains sont connus depuis longtemps. D'autres opérations s'imposent; la priorité est donnée au 193.




L'OPTIQUE ADAPTATIVE A l'OHP

La modernisation des télescopes de l'OHP passe évidemment par l'installation d'optique adaptative. A court terme, on envisage une correction du premier et du second ordre sur le 193 qui permettrait une amélioration immédiate du rendement des spectrographes existants en éliminant les dépointages, reprises et les défocalisations résultant de la turbulence, en plus des effets liés à la mécanique du télescope. Une véritable optique adaptative pourrait être installée ultérieurement au 193. Cette perspective doit aller de pair avec une réflexion sur la spectroscopie à faire avec une résolution angulaire de quelques centièmes de secondes d'arc au foyer d'un télescope de 2 mètres. L'idée d'un "SUPER-ELODIE" au 193 (ou au 152) demande à être approfondie.

Pour le spectro-imageur du 193 actuellement en projet l'optique adaptative n'aurait pas d'impact, cet instrument étant en priorité destiné aux astres faibles (magnitude 15 et au-delà).



DE NOUVEAUX INSTRUMENTS FOCAUX POUR LES TÉLESCOPES DE L'OHP




LES RÉCEPTEURS

Au cours de ces dernières années, l'OHP s'est forgé un savoir-faire solide dans le domaine de la mise en oeuvre et du pilotage des CCD. Il s'agit de ne pas le laisser perdre et de continuer de rester compétitif dans ce domaine.

Les performances des récepteurs actuellement en service à l'OHP sont pour le moins satisfaisantes, si on les compare à celles des récepteurs utilisés par de grands observatoires comme l'ESO. Les responsables du projet spatial COROT viennent de solliciter la collaboration de l'OHP pour la définition de l'électronique et les tests des CCD qui équiperont le plan focal du télescope.




LES TÉLESCOPES DE L'OHP UTILISÉS COMME BANCS D'ESSAI

De nouveaux instruments peuvent utilement être essayés sur les télescope de la classe de 2 mètres avant de faire l'objet de propositions pour de plus grands télescopes au sol et dans l'espace.

Ainsi, l'ONERA a pu réaliser en 1989 au foyer Coudé du 152 les premiers essais du dispositif d'optique adaptative destiné au 3,60m de La Silla. Plus récemment, en 1996 et 1997, l'ONERA a fait fonctionner son banc d'optique adaptative (BOA) au 152, obtenant des résultats remarquables.

Associés au BOA de nouveaux instruments ont pu être essayés, notamment un coronographe à speckles noirs dans une version embryonnaire construite à l'OHP. Cette expérience a été proposée à la NASA pour le télescope spatial Hubble. La proposition n'a pas été sélectionnée, mais les perfectionnements en cours pourront susciter des développements sur le VLT et le Keck II, et, peut-être, sur le Next Generation Space Telescope.

Récemment aussi, les spectrographes OASIS et PYTHEAS ont été testés au 193, avant d'être dirigés vers les grands télescopes auxquels ils sont destinés.

Les télescopes de l'OHP pourront continuer dans l'avenir à être mis à la disposition d'équipes qui en feraient la demande, pour des essais d'instruments nouveaux. On peut, par exemple, imaginer que des essais d'étoiles laser se fassent sur l'un des télescopes de l'OHP.




LE ROLE PEDAGOGIQUE DE L'OHP

Actuellement, chaque année, les étudiants de 4 DEA, encadrés de leurs professeurs, utilisent le 152, le 120 et le 80 pour y mener de vrais programmes d'observation. Ils bénéficient en outre de rencontres avec les ingénieurs, les techniciens et les chercheurs de l'OHP, en particulier à l'occasion de séminaires donnés à leur intention.

L'école d'été ESO-OHP connaîtra en 1998 sa 6ème édition. Tous les deux ans, une vingtaine d'étudiants européens séjournent deux semaines à l'OHP et découvrent les techniques d'observation au foyer du 120, du 152 et du 193.

La faible pression sur le 80 et le 120 permet d'insérer facilement dans le planning de leur utilisation des périodes réservées aux étudiants. Par leur conception ancienne (cercles gradués, verniers, mouvements manuels ...), ils offrent aux jeunes les mêmes avantages didactiques que la marine à voile aux navigateurs novices.

L'OHP offre des conditions idéales pour ce type de manifestation et, de l'avis des responsables de DEA et de la direction, doit continuer à jouer le rôle qui est le sien aujourd'hui, dans l'initiation des étudiants et des jeunes chercheurs à l'observation astronomique.


29.09.97

[ Le projet ROSALIE | Guide Pratique | OHP Home Page ]