Il entend donc décrire l'évolution que souhaite donner la direction de l'OHP aux télescopes de l'OHP et à leurs instruments focaux, et répondre ce faisant au souhait exprimé par la Commission Spécialisée Astronomie (CSA) de l'INSU, lors de sa réunion des 7 et 8 Janvier 1997.
Pression sur les divers télescopes de l'OHP
Au vu de la figure 1 , il est clair que l'essentiel de nos préoccupations doit porter sur le 193 et le 152, dont nous pensons qu'ils peuvent continuer à fonctionner et intéresser les utilisateurs dans les dix ans qui viennent. Nous n'éliminons pas pour autant le 120 ni le 80 qui sont des télescopes qui, sur le plan scientifique, peuvent être encore utiles et qui sauront continuer à rendre de réels services dans le domaine technique et le domaine pédagogique. Leur utilisation peut être ramenée à un coût négligeable sur un site où les deux principaux télescopes fonctionnent à plein temps.
De façon générale, nous pensons que les télescopes de l'OHP sont utiles pour l'observation d'objets brillants qui ne justifient pas l'utilisation de grands télescopes. Les grands télescopes sont d'ailleurs mal utilisés lorsqu'ils servent à l'observation d'objets brillants, les temps de dépointage et de pointage étant très longs comparés aux temps d'observation effectifs. Egalement, on peut imaginer sur des petits télescopes des instruments plus avancés que ceux qui sont en service sur les très grands, et dont l'efficacité accrue permet de compenser la moindre surface collectrice pour certains modes d'observation. Le spectrographe ELODIE au foyer du 193 en est un bon exemple.
Une large consultation a été amorcée auprès du comité des utilisateurs de l'OHP et de la communauté astronomique pour susciter des projets instrumentaux. Un forum électronique a été ouvert à cet effet. Des suggestions ont été recueillies. Le projet d'un spectro-imageur au 193, de type EFOSC, a reçu un accueil favorable. Il est maintenant mûr et fait l'objet d'une "demande de moyens 1998" à l'INSU. Egalement, nous envisageons la possibilité de doter l'OHP de moyens d'observation dans l'infrarouge proche. L'imagerie et/ou la spectroscopie entre 1 et 2,5 µm , n'est pas sans intérêt avec des télescopes de 1 ou 2 mètres.
Naturellement, la qualité d'un instrument focal dépend des performances de son détecteur. En matière de CCD, l'OHP a des compétences et une expérience solides et de nombreux projets sont en cours. Ces compétences pourrontt être utilisées pour la mise en oeuvre ultérieure (1999) d'un détecteur NICMOS.
Ces nouveaux instruments focaux devront aller de pair avec une véritable jouvence des télescopes, en priorité du 193. A très court terme, nous envisageons le remplacement de la caméra de guidage et de pointage de ce télescope. Ce remplacement fait l'objet d'une "demande de moyens 1998" à l'INSU. Une réflexion est engagée pour qu'à moyen terme, une rénovation totale du 193 et de sa coupole permette une précision, une fiabilité et un automatisme accrus des observations.
En parallèle, la "démocratisation" des optiques adaptatives nous laisse espérer de faire bénéficier à court terme le 193 (et le 152) de ce type d'équipement et cela devrait influencer la conception des nouveaux spectrographes.
Enfin, les télescopes de l'OHP doivent continuer à permettre en leur foyer des essais d'instruments destinés à de grands ou très grands télescopes et, avec leurs propres instruments focaux, doivent rester des outils pédagogiques, pour la formation des nouvelles générations d'astronomes.
Ainsi, nous pouvons définir de la manière suivante les lignes
maîtresses d'une politique, qui paraît raisonnable, pour
l'utilisation des télescopes de l'OHP :
Le système de pointage automatique et d'asservissement de la coupole que l'on peut envisager pour le 193 peut aussi être envisagé pour le 152. Le frère-jumeau du 152 fonctionne à La Silla depuis plusieurs années de cette façon-là. Une telle opération d'automatisation pourrait faire l'objet d'un financement par la Région Provence Alpes Côte d'Azur pour être sous-traitée par une entreprise régionale.
Pour le spectro-imageur du 193 actuellement en projet l'optique adaptative n'aurait pas d'impact, cet instrument étant en priorité destiné aux astres faibles (magnitude 15 et au-delà).
Le spectrographe à fente longue CARELEC, en service au foyer Cassegrain du 193 depuis plus de dix ans, est toujours très utilisé pour la spectroscopie à faible ou moyenne dispersion d'objets faibles : comètes, étoiles et nébuleuses galactiques, objets extragalactiques. Actuellement, on travaille à l'implantation d'un CCD de très faible bruit et de taille plus grande, qui permettra d'observer un domaine spectral plus étendu Cette amélioration est attendue avec impatience par les utilisateurs, malheureusement, le retard de livraison du CCD fait qu'il ne rentrera en service que d'ici un an.
Ce projet, nommé ROSALIE, fait l'objet d'une "demande de moyens 1998" à l'INSU. Si son financement était accepté, ce nouvel instrument focal pourrait entrer en service en 2001.
Ainsi, au début du 21ème siècle, le 193, équipé d'une correction d'optique adaptative au premier et deuxième ordre, se verrait doté de deux instruments performants, l'un pour la spectrographie stellaire à haute résolution (ELODIE) et l'autre pour la spectroscopie et l'imagerie d'objets faibles. Le spectrographe CARELEC avec son nouveau CCD sera exploité jusqu'à la mise en service du spectro-imageur, et, probablement au-delà.
Une amélioration des performances d'AURELIE a été obtenue en 1996 par le changement de la barrette Thomson, mais un gain considérable est attendu du remplacement de la barrette par un CCD : diminution du bruit électronique et diminution du bruit à la soustraction du fond de ciel. Ainsi amélioré, AURELIE devrait continuer à intéresser les astronomes qui l'utilisent régulièrement et même s'ouvrir à des nouveaux utilisateurs.
A moyen terme, AURELIE ne devrait plus avoir le monopole du foyer Coudé du 152. En effet, le nouveau spectrographe de P. Connes (EMILIE) destiné à des études d'accélérométrie absolue devrait y être installé. L'alternance AURELIE/EMILIE devrait ainsi assurer une pression notable sur le 152 dans les années à venir.
Actuellement, ces télescopes sont équipés de caméras CCD et permettent de l'imagerie visible. Leurs champs d'application seraient élargis par l'installation d'une caméra de type NICMOS. L'imagerie infrarouge proche au 80 et au 120 intéresserait de nombreux programmes stellaires, circumstellaires et interstellaires, ne demandant pas une grande résolution spatiale. Pour des raisons évidentes de niveau de fond thermique, il ne serait pas question d'aller au-delà de 2,5 µm.
Les performances des récepteurs actuellement en service à l'OHP sont pour le moins satisfaisantes, si on les compare à celles des récepteurs utilisés par de grands observatoires comme l'ESO. Les responsables du projet spatial COROT viennent de solliciter la collaboration de l'OHP pour la définition de l'électronique et les tests des CCD qui équiperont le plan focal du télescope.
Ces essais se font pour l'instant avec l'ancien contrôleur OHP, modifié en conséquence, en attendant le nouveau contrôleur actuellement à l'étude. Le projet d'un spectrographe imageur pour le 193 s'assortira de l'acquisition d'un CCD spécifique.
L'étude de ce contrôleur est bien avancée. Il est à base de transputeurs et bénéficiera d'un grand nombre d'améliorations et d'un nouveau séquenceur, développé dans le cadre de l'expérience spatiale COROT. Ce nouveau contrôleur doit offrir essentiellement une réduction importante du bruit de lecture, et une rapidité accrue de la lecture, la durée de la lecture d'un pixel allant de quelques micro-secondes à 100 micro-secondes. Un avantage supplémentaire sera la modularité : possibilité de pilotage de mosaïques, possibilité d'interfaçage PC et station. Enfin, le coût devrait être faible. Il est prévu que ce nouveau contrôleur entre en service, une fois validé, en 1999.
Ainsi, l'ONERA a pu réaliser en 1989 au foyer Coudé du 152 les premiers essais du dispositif d'optique adaptative destiné au 3,60m de La Silla. Plus récemment, en 1996 et 1997, l'ONERA a fait fonctionner son banc d'optique adaptative (BOA) au 152, obtenant des résultats remarquables.
Associés au BOA de nouveaux instruments ont pu être essayés, notamment un coronographe à speckles noirs dans une version embryonnaire construite à l'OHP. Cette expérience a été proposée à la NASA pour le télescope spatial Hubble. La proposition n'a pas été sélectionnée, mais les perfectionnements en cours pourront susciter des développements sur le VLT et le Keck II, et, peut-être, sur le Next Generation Space Telescope.
Récemment aussi, les spectrographes OASIS et PYTHEAS ont été testés au 193, avant d'être dirigés vers les grands télescopes auxquels ils sont destinés.
Les télescopes de l'OHP pourront continuer dans l'avenir à être mis à la disposition d'équipes qui en feraient la demande, pour des essais d'instruments nouveaux. On peut, par exemple, imaginer que des essais d'étoiles laser se fassent sur l'un des télescopes de l'OHP.
L'école d'été ESO-OHP connaîtra en 1998 sa 6ème édition. Tous les deux ans, une vingtaine d'étudiants européens séjournent deux semaines à l'OHP et découvrent les techniques d'observation au foyer du 120, du 152 et du 193.
La faible pression sur le 80 et le 120 permet d'insérer facilement dans le planning de leur utilisation des périodes réservées aux étudiants. Par leur conception ancienne (cercles gradués, verniers, mouvements manuels ...), ils offrent aux jeunes les mêmes avantages didactiques que la marine à voile aux navigateurs novices.
L'OHP offre des conditions idéales pour ce type de manifestation et, de l'avis des responsables de DEA et de la direction, doit continuer à jouer le rôle qui est le sien aujourd'hui, dans l'initiation des étudiants et des jeunes chercheurs à l'observation astronomique.