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From: Christian Motch
Attn: Michel Dennefeld - Copie: J.-M. Hameury, D. Egret, C. Boisson

Cher Michel,

La perspective d'une disparition a court terme des 'petits' telescopes
nationaux de la classe des 2-3m nous preoccupe enormement.  Nous
sommes aussi inquiets des projets d'utilisation du CFH d'ici a deux
ans.

1) Le deplacement des programmes fonctionnant actuellement sur les 2m
vers les 4m est tout simplement impossible, au moins en ce qui concerne
l'hemisphere nord.  

Les plans d'utilisation du CFH prevoient d'ici a deux ans la
monopolisation de la plus grande partie du temps noir, et peut etre
aussi du temps de pleine lune par des programmes 'cles' de survey en
imagerie grand champ (MEGACAM). D'autre part les francais n'ayant
toujours pas d'acces VLT dans le nord, il y a fort a parier que la
pression sur le CFH restera elevee. Dans ces conditions, nous ne
voyons pas comment on pourrait decement justifier la fermeture des
telescopes nationaux de la classe des 2m par la disponibilite de
telescopes de la classe des 4m.  

En ce qui concerne l'hemisphere sud (ESO), la situation a ete bien
examinee dans un rapport sur l'avenir de La Silla qui concluait a la
necessite de maintenir a moyen terme les telescopes de 2m.  Meme si
une partie de la science actuellement faite aux NTT et 3.6m passera au
VLT, la preparation des observations VLT va generer une nouvelle
demande sur ces 4m (EIS). Le temps de 4m ainsi degage par la mise en
service des VLT pourrait etre mince.

2) A moyen terme il existera toujours de la science 'interessante' a
faire avec des telescopes de la classe de 2-3m. 

Les exemples recents sont nombreux. Une des applications importantes
est le suivi de programmes spatiaux. Les telescopes de 2-3 m permettent
d'obtenir de maniere economique des informations multi-longueur d'ondes
a meme d'ameliorer substantiellement la science extraite des
observatoires spatiaux. Les spectrographes actuels tant au CFHT comme a
l'ESO sont multi-fentes/fibres et donc optimises pour des echantillons
relativement denses. Dans bien d'autres cas le suivi se fait objet par
objet, et le multiplexage n'est pas efficace.  La couverture et la
profondeur des surveys photometriques et spectroscopiques futurs
(SLOAN, 2dF) ne seront pas suffisantes pour une majorite d'observations
de suivi.

Pour citer un exemple proche, le retour scientifique du programme
ROSAT aurait ete tres sensiblement diminue si les telescopes de la
classe de 2m avaient ete indisponibles. Nous avons identifie au 193 de
l'OHP et au 1.5m Danois et 2.2m ESO-MPI pas loin de 500 sources ROSAT
du plan galactique. A haute latitude galactique, des collegues
allemands ont utilise un 2m mexicain (G.  Haro) ainsi que le 2.2m
ESO-MPI pour identifier plus de 700 sources a haute latitude
galactique. Sans ces observations, jamais les lois LogN-LogS des AGNs
et leur evolution avec le red shift (ou la latitude galactique pour
les populations stellaires) n'auraient ete mesurees.  Ces observations
ont aussi permis la detection d'un certain nombre d'objets
pathologiques qui ont pu etre observes ensuite avec des 4m et avec
ROSAT.  

Dans le futur immediat, le lancement d'XMM en 1999 va amener la
decouverte de plusieurs centaines de milliers de sources X nouvelles. 
Le Survey Science Consortium de XMM auquel participent activement les
francais a entre autres la responsabilite de produire des
identifications (bien sur statistiques) pour chacune de ces sources. 
Cette statistique sera 'calibree' sur des ensembles de plusieurs
milliers de sources identifiees une par une essentiellement au
telescope. Pour etre menee a bien, cette operation necessite une gamme
d'ouverture allant des 2m aux VLT. De maniere generale, les
observateurs XMM auront besoin de petits telescopes pour acquerir a
moindre frais les observations multi-longueur d'ondes.

Un autre exemple de programme bien adapte aux telescopes de 2-3m est
l'etude des etoiles variables de basse temperature, geantes et
supergeantes rouges lumineuses (meme dans le visible).  Elles ont
longtemps ete un peu negligees car trop complexes, mais des modeles
apparaissent actuellement (avec participation active de la communaute
francaise), aussi bien pour le comportement dynamique de ces objets que
pour leurs atmospheres, qui vont necessiter des donnees de validation
dans les annees a venir. La spectroscopie de moyenne et haute
resolution sera necessaire pour preciser les abondances et rapports
isotopiques (tests des phenomenes de "dredge-up" et plus generalement
de melange), la stratification des molecules et celle des proprietes
physiques qui en decoulent (tests des modeles dynamiques expliquant les
pulsations periodiques ou irregulieres), l'evolution temporelle des
profils de raies (modelisation des chocs traversant periodiquement les
atmospheres). La contribution de ces etoiles a l'evolution chimique de
l'univers et a l'emission infrarouge  de galaxies justifie l'interet
que l'on porte aux processus physiques fondamentaux et encore mal
compris qui les regissent.  Un echantillon appreciable de ces objets
etant observable avec un telescope de 2m, il sera probablement
difficile d'obtenir pour ces projets du temps sur les telescopes plus
grands.

Un autre avantage de ces petits telescopes est la possibilite de
couvrir une gamme de temps de variabilite etendue. La decouverte des
planetes extrasolaires (e.g. Elodie a l'OHP) n'aurait en aucun cas ete
possible au CFH et ne le serait pas plus dans un futur proche.

Conclusions:

Nous defendons l'idee que a moyen terme, la communaute nationale doit
conserver un acces constant et coherent aux differentes classes de
telescopes. La mise en service des VLTs ne doit pas se faire au
detriment de l'accessibilite des 4m (acces au CFH) et nous pensons que
les telescopes de 2m ont et auront encore des utilisations
scientifiquement 'rentables' pendant plusieurs annees.  

Nous sommes conscients de la necessite de faire des efforts
budgetaires au moment ou les grands equipements VLT montent en
puissance. Il nous semble cependant que la simplification des
instruments de type spectro-imageurs, leur automatisation et leur
installation quasi permanente devrait faire baisser les couts de
fonctionnement. En France, la plus grande partie des depenses provient
des salaires qui ne disparaitraient pas rapidement meme si tous les
telescopes etaient fermes.

La possibilite de faire migrer les observations conduites actuellement
sur les 2m vers les 4m nous apparait improbable a court terme et nous
sommes inquiets de voir la quasi totalite des nuits noires du CFH
dediees a un seul projet, aussi meritant soit-il.

Nous sommes aussi preoccupes par l'absence de plans a court termes
visant a assurer un acces VLT aux francais dans l'hemisphere nord.


Christian Motch, Ariane Lancon et David Valls-Gabaud 

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