Suivi spectroscopique de la binaireWR140 (WC7 + 04-5, P=7,94 ans)pendant son passage au périastre (2000-2001) |
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La binaire
spectroscopique WR140, (période =7,94 ans), est formée
de deux composantes WC7 et O4-5.
Le passage au périastre se produit vers le 20 février (à
la date 2001,14 ± 0,08) : les composantes se rapprochent jusqu'à
2 UA. Les vents violents des deux étoiles créent une onde
de choc en forme de cône et un nuage de poussière.
Ces phénomènes sont détectables dans toutes les longueurs d'onde, des rayons X à l'infra-rouge. Nous voulons analyser 5 raies en émission du spectre optique pendant 6 mois, et comparer nos résultats avec ceux des autres observatoires et moyens spatiaux pour modéliser le passage au périastre, améliorer les éléments orbitaux, étudier la réaction vent-vent en fonction de la phase, déterminer la forme du nuage de poussière par imagerie dans l'infra-rouge, retrouver, toujours par imagerie, des traces des précédents nuages et étudier le choc des vents en rayons X pour en modéliser les manifestations.
Les étoiles Wolf-Rayet possèdent
les vents stables les plus forts de toutes les étoiles connues,
constitués principalement d'hélium provenant directement
du cœur stellaire. L'enveloppe très chaude qui entoure l'étoile
empêche généralement d'observer sa surface. La perte
de masse moyenne est de l'ordre de 105 masses solaires par an.
Ce vent stellaire, dense, rapide et enrichi a un impact important sur "l'écologie"
du milieu interstellaire, que ce soit dans les objets isolés dans
des bras spiraux, dans les régions où naissent les étoiles
ou dans le noyau galactique. La combinaison d'une forte luminosité
et d'une haute sensibilité aux métaux lourds fait que les
étoiles Wolf-Rayet sont les meilleurs traceurs des gradients de
métallicité dans les galaxies éloignées.
De plus, ces étoiles représentent la dernière phase
d'évolution de toutes les étoiles massives, avant qu'elle
n'explosent en supernova.
Spectre infra-rouge de WR140 d'après Ken Brownsberger La binaire spectroscopique WR140 (HD193793, WC7+O4-5) est l'une des candidates qui répond le mieux à cette description. Sa luminosité LX = 116.1032 ergs/s est l'une des plus élevées mesurées avec ROSAT. Si l'étoile O est la plus chaude, la plus lumineuse et la plus massive, la Wolf-Rayet possède le vent le plus fort. Sa période est de 7,94 ans ; sa forte excentricité (e=0,84) amène les composantes à 27 UA l'une de l'autre à l'apoastre et à 2 UA au périastre. C'est à la date 2001,14 ± 0,08 (vers le 20 février) que ce passage au périastre se produira. C'est à cette seconde phase que le choc entre les deux vents stellaires est le plus violent et que s'observent les émissions les plus remarquables dans l'ensemble du spectre électromagnétique. Cette collision, entre le vent de l'étoile WC7, à une vitesse d'environ 3000km/s et celui de l'étoile O4-5, provoque un choc des deux côtés de la discontinuité de contact entre eux, ce qui entraîne un réchauffement et une émission thermique, une accélération des particules et une émission synchrotron, ainsi que la formation de poussière. De plus, autour du périastre, le système montre une variabilité spectrale relativement rapide, liée à la phase. Nous voulons suivre ces changements spectroscopiques rapides en vue de chercher leurs causes possibles. Malheureusement, cette étoile, dans la
constellation du Cygne, n'est pas facile à observer au prochain
passage au périastre.
En supposant que la poussière qui se forme au périastre du système s'évade le long du grand axe avec une vitesse Vinf < 2860km/s, la vitesse projetée du nuage de poussière sera de l'ordre de 0,36 "/an (seconde d'arc/an). L'extension radiale sera déterminée par la durée de formation, de l'ordre de 0,1". Les prévisions de magnitude du système, de la poussière et de l'étoile sont les suivants :
Aux trois époques ci-dessus, les prévisions d'extension du nuage de poussière sont respectivement 0,15", 0,51" et 0,87" . En ce qui concerne le spectre optique, les raies
en émission sont fortement élargies par effet Doppler qui
a pour origine
En définitive, nous pouvons énoncer
les objectifs scientifiques de cette large collaboration internationale
comme suit :
Obtenir des éléments orbitaux de haute qualité. |
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Mission : continue pendant le semestre (une observation tous les cinq jours) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Astronome : Dominique BALLEREAU de l'observatoire de Meudon | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Instrument
: spectrographe Aurélie
monté sur le télescope
de 1,52 m
Mode d'observation avec ce spectrographe : Nous avons 5 raies en émission à observer en deux poses : Ces émissions sont considérablement élargies par effet Doppler, au minimum 120 Å. En centrant la première pose sur 5755 Å, les deux raies sont largement contenues dans les 430 Å dont on dispose avec le réseau 3. La seconde pose est centrée sur 5442 Å, et nos calculs montrent que les ailes extrêmes en émission seront aussi contenues dans ces 430 Å. Quant au temps de pose, nous l'estimons à 20/25 minutes, mais elles peuvent être plus courtes avec le nouveau détecteur CCD/EEV, très performant. Nous voulons obtenir un rapport signal/bruit d'environ 300. Le temps de pose sera donc d'environ une heure en fin de nuit, tous les cinq jours. Si les conditions atmosphériques le permettent, nous aurons un jeu d'environ 36 couples d'enregistrements en six mois, soit l'équivalent de trois nuits complètes. Les variations spectrales liées au mouvement de la binaire au périastre sont rapides et discernables sur une échelle de temps de quelques jours, comme le montrent toutes les observations faites il y a huit ans au cours du précédent passage. En demandant un couple d'enregistrements tous les cinq jours, nous choisissons un bon compromis, en accord avec tous les autres observateurs impliqués dans cette collaboration internationale. |
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Collaborations
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Ce programme d'observations est soutenu par le programme national de physique stellaire. Il s'agit d'une collaboration internationale, dans laquelle des moyens au sol comme dans l'espace seront mis en œuvre, pendant au moins un an. Pour le moment, neuf équipes sont impliquées, dont quatre en spectroscopie visible (OHP, Dominion Astrophysical Observatory, Observatoire du Mont Mégantic et Ritter Observatory). Des observations complémentaires (8 à 12 microns sur GEMIMI par Moffat et al., filtres K', L' et M' en bandes étroites par Williams et al., 850 microns sur le JCMT par Dougherty et al.) permettront de faire de l'imagerie, complétées par des observationspar le satellite ASCA dans l'ultra-violet par Corcoran et en UBV par Moffat et Marchenko. De l'imagerie en K, L et M est en préparation sur l'IRTF par Vacca et al. La coordination des observations au sol est assurée par P. Williams; celle des observations spatiales par M. Corcoran. |
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Pour
en savoir plus :
Bibliographie :
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Page préparée par Alain
Vin - dernière mise à jour le 1er Février 2001
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