Table de Matières
(No.17)
53 Psc : Une nouvelle variable B "hybride"
découverte avec Aurélie
E. Chapellier, A. Endignoux, D. Le Contel, J.-M. Le Contel,
P. Mathias,
J.-P. Sareyan, J.-C. Valtier
UMR 6528, Observatoire de la Côte d'Azur
Introduction et observations
Les nouvelles tables d'opacité (Rogers & Iglesias 1992) ont
permis d'identifier le mécanisme de pulsation des variables B
par
l'intermédiaire d'un
-mécanisme lié aux raies du Fer. Cependant, l'ensemble
des variables B peut être subdivisé en 2 classes:
- les étoiles
Céphéides (B1-B3),
caractérisées par des périodes détectées
de
quelques heures, typiques des modes de pression (p) se
développant plutôt dans les couches externes.
- les étoiles SPB (B3-B8), caractérisées par
des
périodes plus longues (quelques dizaines d'heures) représentatives
de modes de gravité g et qui se développent beaucoup
plus
profondément dans l'étoile.
Les modèles prévoient une zone de recouvrement entre
les régions d'excitation des modes g (Dziembowski et al.
1993) et
celles des modes p (Dziembowski & Pamyatnickh 1993). De par
son type
spectral (B2.5 IV), l'étoile 53 Psc est une bonne candidate pour
espérer la détection simultanée de ces modes. Une
campagne
de 10 nuits a été menée en Septembre 1996, à
l'aide
du spectrographe Aurélie. La magnitude relativement élevée
de 53 Psc (V = 5.9) ne nous a pas permis d'observer à
une résolution supérieure à 15 000 pour pouvoir
détecter différentes échelles temporelles de variabilité,
de l'heure au jour. Ainsi, avec des temps de pose typiques de 23 mn,
nous avons un signal sur bruit de l'ordre de 150.
Résultats
Une moyenne des vitesses radiales correspondant à 7 raies différentes
montre une amplitude de variation de 5 km/s. Par l'intermédiaire
de 2 algorithmes (PDM et CLEAN), nous avons recherché les périodes
de variation (Fig.1) sur les 5 meilleures nuits de notre mission.
Le pic le plus important correspond à une fréquence
1 = 0.82 ± 0.08
c/j,
soit environ 1.25 j, tout à fait représentative de modes
g. Un ajustement sinusoïdal correspondant à cette
fréquence rend compte de 70% de la variance, avec une amplitude
en vitesse radiale de l'ordre de 2.8 km/s. Si l'on soustrait cet ajustement
aux données pour rechercher les périodes résiduelles,
une autre fréquence est détectée autour de
2 = 1.55 ± 0.10 c/j,
soit une période d'environ 15 h, elle aussi représentative
des modes g . Ainsi,
1 et
2
rendent compte de 82% de la variance dans l'hypothèse d'une variation
sinusoïdale.
Figure 1.
a: statistique PDM représentée en fonction de la
fréquence.
b: spectre de puissance issu de CLEAN. La fenêtre incluse
représente le spectre d'échantillonnage de nos données.
Si l'on recherche maintenant sur les données précédentes
une périodicité à plus court terme (modes p)
, rien de vraiment significatif (amplitude supérieure à
0.4 km/s) n'est détecté sur un intervalle [4;30] c/j.
Les algorithmes de recherche de périodes ont été
appliqués sur les nuits individuelles, dont les 2 meilleures
sont représentées sur la Fig.2. Pour la nuit du 4 Septembre,
les fréquences candidates sont
3a = 11.0 ± 1.9
c/j
et 4a = 15.4 ± 1.7
c/j,
correspondant respectivement à des périodes de 2.2 h
et 1.6 h
et, pour la nuit du 6 Septembre, les fréquences
3b = 9.7 ± 1.9 c/j
et
4b = 14.7 ± 1.9 c/j
(respectivement 2.5h et 1.6h). On a
3a
3b et
4a
4b
mais les incertitudes sont importantes. A noter que dans les deux cas,
les amplitudes de variation sont de l'ordre de 0.6 km/s.
Figure 2.
Similaire à la Fig.1b, mais pour des nuits individuelles.
a: 4 Septembre 1996.
b: 6 Septembre 1996. A côté sont représentées
les courbes de vitesses radiales héliocentriques [km/s] (non
déconvoluées des longues périodes) pour les nuits
du
c: 4 Septembre 1996 et
d: 6 Septembre 1996.
Conclusion
Deux échelles de variabilité sont simultanément
présentes. La première, de longue période, est
typique des modes g. Dans ces dernières, la multipériodicité
est de mise (Waelkens 1991) et, au regard de la Fig.1, il est probable
que plus de 2 fréquences soient présentes. L'échelle
de variabilité à courte période est quant à
elle confirmée. Notre résolution temporelle ne nous permet
toutefois pas de préciser la valeur des périodes.
Les résultats obtenus sur 53 Psc confirment ceux concernant
Her (Mathias & Waelkens 1995),
à savoir l'existence d'une zone du diagramme HR où les
étoiles, à la frontière des régions d'excitation
respectives des modes p et g, peuvent présenter
simultanément ces 2 modes
(étoiles ``hybrides''). L'étude de telles étoiles
permettrait de mieux cerner les effets de l'évolution stellaire
(53 Psc et Her ont toutes deux quitté
la séquence principale) par sondage des couches superficielles (par
les modes p) et des couches profondes (par les modes g).
Des informations pourraient
aussi être obtenues sur la métallicité et les phénomènes
liés à la zone "moteur" de la pulsation, telle la zone
de mélange, non prise en compte dans les modèles.
Enfin, pour conclure, il semble indispensable de mener à bien
une autre
campagne d'observation de 53 Psc afin de mieux préciser le spectre
de
variabilité de cette étoile. Toutefois, sa faible magnitude
ainsi
que les faibles variations en vitesse radiale en font une cible davantage
pour
Elodie que pour Aurélie, notamment pour mieux
étudier les variations de profil de raie.
Bibliographie
Dziembowski W.A., Pamyatnyckh A.A. 1993, MNRAS 262, 204
Dziembowski W.A., Moskalik P., Pamyatnyckh A.A. 1993, MNRAS 265, 588
Mathias P., Waelkens C. 1995, A&A 300, 200
Waelkens C. 1991, A&A 246, 453
Table de Matières
(No.17)