La Lettre de l'OHP (No.16)
Table de Matières (No.16)
De la discipline des utilisateurs
Jean-Pierre Sivan
Le 1m20 fête cette année ses 124 ans. Il commença sa
carrière à l'Observatoire de Paris et scrute depuis 53 ans le
ciel de Haute Provence : on se souvient que le premier cliché pris
à l'OHP, le fut en Août 1943 par Charles Fehrenbach. Depuis Décembre 1995, un nouveau CCD est à son foyer, un TK
1024 aminci qui fonctionne dans un environnement informatique
entièrement renouvelé. Il remplace le TK 512 (mis en service en
1988) qui a toujours été un peu étroit pour le
1m20 et qui est maintenant porté par son petit
frère, le 0m80.
Au foyer du 1m52, le plus jeune de nos quatre principaux
télescopes -il n'a que 28 ans-, le spectrographe Aurélie
retrouve un nouveau souffle grâce au changement de barrette et à
diverses améliorations d'ordre électronique et
cryogénique. Cette mise à niveau est décrite par
ailleurs.
Monter un CCD sur Aurélie est prévu, mais les efforts
portent dans l'immédiat sur le spectrographe Carelec du
1m93, en vue de le doter d'un CCD de 1000 x 2000 éléments
d'image qui permettra de doubler l'étendue du domaine spectral utile. Le
second spectrographe du 1m93, Elodie , mis en service en 1994, a
permis à Michel Mayor et Didier Queloz, l'extraordinaire
découverte que l'on sait, d'une planète de masse jovienne en
orbite autour de l'étoile de type solaire 51 Pegasi. Cette grande
première a porté haut et loin la réputation de l'OHP,
couronnant le travail de nos collègues genevois et de tous ceux qui ont
conçu et réalisé cette magnifique machine. Un atelier
vient de lui être consacré, dont on trouvera par ailleurs le
compte rendu.
Ainsi, malgré leur âge respectable, les télescopes de
l'OHP se portent bien et l'attrait de leurs instruments focaux ne faiblit pas
comme en atteste la pression des demandes de temps d'observation : pour le
1m93, ce semestre, elle égale à 2.
Les astronomes visiteurs de l'OHP constituent une grande famille, mais qui se
renouvelle sans cesse. Chaque année de nouveaux missionnaires
fréquentent l'OHP, jeunes pour la plupart, ce qui est un
élément rassurant. Pour renforcer les liens entre l'observatoire
et ses visiteurs, un Comité des Utilisateurs a été
créé.
A l'OHP, la notion de service est profondément ancrée dans les
mentalités. Le succès des observations, chaque nuit de
l'année, reste la priorité absolue. C'est là une vieille
tradition. La qualité de l'accueil et des services rendus constitue un
des points forts de l'OHP. Il y a toujours, bien sûr, des
éléments à améliorer et il ne fait pas de doute que
les recommandations du Comité des Utilisateurs contribueront à le
faire.
Le succès des observations dépend non seulement du soutien
technique de l'observatoire mais aussi, à l'évidence, de la
façon dont le missionnaire aura lui-même préparé sa
mission. Quelques cas -fort heureusement peu nombreux- relevés ces
derniers mois, conduisent à rappeler les deux règles
élémentaires suivantes :
- Règle No.1 : Une feuille verte dite de préparation
de mission doit impérativement être retournée à
l'observatoire une semaine au moins avant le début de la mission. Les
responsables des instruments ne peuvent deviner quels sont les filtres, les
réseaux, les domaines spectraux, etc., que désire
l'observateur.
- Règle No.2 : Le missionnaire est tenu de se présenter
à la coupole au début de l'après-midi qui
précède sa première nuit, avant 15 heures
impérativement. Il pourra ainsi vérifier que l'instrument qu'il
va utiliser a été mis dans la configuration demandée.
Si le missionnaire ne connaît pas l'instrument, un
ingénieur ou un astronome ou les deux à la fois, le lui
présenteront et lui expliqueront son fonctionnement. S'il s'agit d'un
habitué, il sera informé des dernières modifications
apportées. Enfin, dans le cas d'Elodie et de la caméra du
1m20, l'observateur se verra confier le mot de passe qui
l'autorisera à utiliser les logiciels d'acquisition.
Le respect de ces deux règles est nécessaire pour un
déroulement correct des observations sans que soit porté
préjudice à la bonne marche de l'observatoire.
Une troisième règle concerne la fin de la mission. S'y conformer
est aussi très important pour l'efficacité des services rendus
par l'observatoire.
- Règle No.3 : Le missionnaire doit remettre à la
direction, de préférence avant son départ, un compte rendu
de mission comportant quelques données statistiques sur les heures
perdues et leurs causes, résumant les difficultés techniques
rencontrées et mentionnant toute remarque ou suggestion qu'il juge
utiles.
Les deux dernières règles qu'il convient de rappeler, car,
malheureusement, elles aussi sont parfois oubliées, concernent le
rayonnement de l'observatoire, sa visibilité comme l'on dit
aujourd'hui.
- Règle No.4 : Chaque utilisateur doit écrire un bref
compte rendu des observations effectuées au cours d'une
année afin de contribuer à la partie scientifique du Rapport
d'Activité annuel de l'OHP. Il est sollicité pour ce faire au
mois de Janvier.
- Règle No.5 : Les publications basées, même
partiellement, sur des observations réalisées à l'OHP,
doivent en faire mention dans le titre de façon explicite.
L'OHP demeure à l'écoute de ses utilisateurs, mais ces derniers
ont quelques obligations envers lui, résumées dans les cinq
règles ci-dessus, qu'il nous a semblé opportun de rappeler.
A une époque où, comme toutes les unités du CNRS, l'OHP
est fragilisé par des restrictions budgétaires et une diminution
des effectifs, les utilisateurs de l'observatoire comprendront sans peine que,
se conformant à ces quelques directives, ils contribueront à
maintenir efficaces et forts des moyens d'observation qui sont à la
disposition de la communauté nationale (et internationale) depuis plus
d'un demi-siècle et qui entendent le rester longtemps encore.
Table de Matières